Electroniques / stratégie - janvier 2011

Jean-Pierre Le Couédic Président du pôle de compétitivité TES et directeur général de Vinaya

Le déploiement des technologies d’échanges d’informations dématérialisées se fera à travers l’adoption de leurs usages   Jean-Pierre Le Couédic [1], nouveau président du pôle de compétitivité TES, (Transactions électroniques sécurisées), basé en région Normandie, a l’ambition de lui faire passer un cap. En tirant parti de ses points forts : la présence d’un tissu de PME innovantes et la très forte implication des collectivités territoriales vis-à-vis du pôle.

Vous venez d’être nommé président du pôle de compétitivité TES (Transactions électroniques sécurisées), basé en Normandie. Quel est votre constat sur l’état actuel du pôle et vos priorités pour les deux ans de mandats que vous avez ?

Depuis sa création en 2005, le pôle TES est passé de 7 membres actifs à 122 membres, dont 6 sont des centres de recherche ou d’enseignements, comme l’Ensicaen, 27 sont des grandes entreprises comme NXP, France Télécom, Gemalto ou des grandes banques comme le Crédit Agricole, la Caisse d’Epargne et 69 sont des PME implantées majoritairement en Normandie. Le pôle a porté en cinq ans 94 projets labellisés, ce qui représente un investissement global de recherche et développement d’environ 250 Me. Le socle est donc solide, à permis de tester diverses technologies et d’en évaluer certains usages, dans les domaines des services sans contact, de l’administration électronique et des applications e-citoyenne. Ces cinq années ont aussi permis, et ce n’est pas le moindre des succès du pôle, de mettre en relation de très nombreux acteurs institutionnels et privés sur ces sujets. Aujourd’hui, il faut s’appuyer sur cet acquis pour aller plus loin et travailler sur des applications portées par de multiples équipements (cartes à puces, téléphones NFC…) pour des usages multiples (abonnements de transport + paiement + chèques déjeuner + etc.). Autrement dit, favoriser les usages des transactions électroniques sécurisées dans des environnements hétérogènes, sans oublier les efforts à accomplir pour industrialiser ces solutions.

A travers quels dispositifs comptez-vous promouvoir cet axe de travail ?

D’abord à travers les FUI(Fonds Unique Interministériel), utilisés classiquement pour les appels à projets. L’année dernière, 4 projets ont été déposés lors du 11 e appel à projet du FUI représentant un investissement de 15,8 Me, dont 5,8 millions de subventions demandées. Parmi ces projets, nous avons par exemple Capi, porté par Gemalto, qui a pour objectif de proposer une carte multiapplicative (paiement, fidélité, sécurité) au standard bancaire en intégrant un écran de grande dimension, un clavier et une antenne. Mais, au-delà, nous portons nos efforts sur deux projets majeurs. Le premier a trait au soutien apporté par le pôle au dépôt de candidature de l’agglomération de Caen à l’appel à déclaration d’intention ouvert par le ministère de l’Industrie qui souhaite accompagner et soutenir des territoires volontaires pour développer des services rendus par les technologies sans contact. Cette notion de «  territoire numérique  » est très féconde pour le pôle TES car elle permet d’expérimenter à grande échelle les usages et les potentialités des technologies des transactions sécurisées. A titre d’exemple, la région BasseNormandie teste à l’heure actuelle, sur plus de 60 000 porteurs, une carte multiapplicative destinée aux étudiants pour des opérations de paiement de repas, d’abonnement à des transports régionaux, etc.). La seconde thématique porte sur le dépôt de candidature pour un appel à projets lancé par l’Etat, dont les fonds seront gérés par la Caisse des dépôts, et qui a pour sujet le développement d’une «  plate-forme mutualisée d’innovation  ». Il s’agit ici de favoriser des projets de R&D à très fortes retombées économiques et d’aider à la préindustrialisation de ces derniers.

Quels sont selon vous aujourd’hui les atouts du Pôle TES et son originalité ?

Tout d’abord, l’originalité du pôle TES est qu’il est un pôle transverse, contrairement à la majorité des autres pôles de compétitivité. Les activités du pôle touchent aussi bien aux transports, à ce sujet nous collaborons activement avec le pôle Moveo, qu’aux activités de paiement, et à ce titre nous travaillons étroitement avec le pôle de compétitivité mondial Finance Innovation, ou encore à tout ce qui touche à la sécurité des systèmes avec des activités de R&D autour de la biométrie. Ensuite, un des atouts du pôle est la très forte implication des PME. Par exemple, Presto Engineering une PME implantée en partie à Caen [2] est porteur du projet ambitieux Sesame qui vise à mieux comprendre les phénomènes de stress causés par les surtensions et les surcourants sur les systèmes électroniques. Pour in fine, arriver à la création en région Basse-Normandie d’un centre de test de fiabilité électrique des composants sur les cartes à puces mais aussi dans l’automobile. Enfin, et c’est peut-être l’atout majeur du pôle, les collectivités territoriales lui apportent un soutien sans faille. Et non seulement d’un point de vue financier, mais aussi d’un point de vue applicatif, puisqu’elles se sont déjà largement engagées à utiliser et expérimenter les solutions technologiques inventées et mises au point par les industriels et les centres de recherche du pôle. C’est un aspect crucial, car cette proximité des collectivités locales avec le pôle TES autorise le test, à très grande échelle, d’innovations technologiques de pointe.

Propos recueillis par François Gauthier

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Notes

[1] Directeur général de Vinaya : société spécialisée dans la mise en relation entre les PME innovantes et les grands groupes, dirigée par Isabelle Grossmann.

[2] Lire le portrait de Presto Engineering dans notre numéro d’avril 2010, p. 32

Jean-Pierre Le Couédic, est Directeur Général et cofondateur de VINAYA, fort d’un parcours professionnel de créateur et dirigeant de PME innovantes et de directeur Grand Compte ORANGE chez EXPERIAN puis chez Monext, dont il est également l’un des co-fondateurs. Il débute sa carrière chez France Telecom en 1982 puis a été dans les années 90 l’un des fondateurs d’Oléane.

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